vendredi 23 mars 2007

Conversation




"Tous, ils le font exprès. Ils nous guettent, nous taquinent et nous mentent. Ils nous ont rattrapé. Je crois qu’ils se cachent et les regarde qui s’entortillent dans le fil du téléphone, dans le revers de ma main froide sur le mot que tu viens de figer. Je te demande de répéter, tu ne réponds pas. Le reflet qui se tord à la surface de l’écran, l’écran qui nous regarde, acqueux, fade et bleu, l’écran devenu vieux parce qu’il noie son vide dans nos yeux stupéfaits. C’est eux ! Tu ne me crois pas. Des équilibristes sur le fil de l’ampoule qui vibre, croit brûler mais grille. Eux, maintenant, sur le fil de ta voix que je n’entend plus, que je n’entend pas. C’est qu’ils se prennent pour l’aube, dressée sur les lieux que l’on souhaite à demi mot, nous, hésitant à rompre leur marche lisse, leur marche lente, leur marche de morts, par le possible d’un ici, d’un ens… ensevelis ! Je n’entend plus, je n’entend pas, je répète qu’au fond de ta voix, lointaine comme sont vieilles les raisons de nos gestes, persistent les détours et les petits pas de voyages qui n’en finissent pas.
Ils avancent, te tiennent la main, m’occupent l’esprit, à gauche dans la rue des trois K.
Ils sont là, charrient derrière eux leurs noms lancinants et pompeux ; déclinant en 5 lettres leur langue éteinte dans la bouche de celui qui n’avait pas encore pensé le jour de leur naissance ; posant sur ta rue, sur ta ville, sur mon rêve, leur ombre mobile à la place de la nuit, limpide. Je ne sais plus. Je maudis le jeux de leurs échos. Je refuse de les prendre au mot. Avouer que le temps traîne à leur pied parmi tous les objets qu’ils nous ont volé. Et qu’ils ne gardent que les quelques lettres de leur face improbable !"
Ce soir, mon amour, je ne dors plus. J’écoute frapper à ta porte, je fixe l’ombre de ma main levée sur les murs dissimulés de la maison miroir et je parle. Je parle à nos silences d’opale, à nos rages d’hiver, je parle, pour ne plus oublier ces voyages qui n’en finiront jamais.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

« Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination. Tout le reste n’est que déception et fatigues. Notre voyage à nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force.
Il va de la vie à la mort. Hommes, bêtes, villes et choses, tout est imaginé. C’est un roman, rien qu’une histoire fictive. Littré le dit, qui ne se trompe jamais.
Et puis d’abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux.
C’est de l’autre côté de la vie. »

L.F.C

Un peu plus à l'Est... a dit…

...et de "l'autre côté de la vie", il fait toujours nuit...? Mes voyages je les "imagine" dans l'ombre, ils m'échappe, etc'est dans leur récit que je retrouve mon chemin...
Merci pour tes balises
Mk*