mercredi 27 février 2008

The hollow men II


Approchez donc ma belle – approchez qu’on vous voie bien – approchez, les mains vers la scène – et montez – là, où l’histoire des hommes qui ont traversé cette journée charpente chaque fois davantage la montagne de sel du sommet de laquelle on rêve de vous voir tomber

Approchez donc ma belle – contez - tant qu’il est encore temps de se tenir loin du boucan des absents –
Approchez et de la voix de celle parée pour l’amant qui ne viendra pas

Parlez

A la ferveur de l’ennui – elle lit

Folle, folle, folle, à vous rendre folle – le cœur accroché à la fuite des flammes qu’on a pourtant tant espéré voir arriver partout dans leurs jardins, dans les écoles, sous leurs entrailles et contre leurs idoles – persévérer – ce n’est qu’une ballade – une ballade innocente et insensée sous un ciel résigné.

Non, je ne vois rien venir que le soleil qui se noie et cette ville qui merdoie.
Infâmes et coutumiers – les héros du néant bien habillés – sans âge et sans bagages ils s’en vont épuiser la volonté de récits qu’ils n’entendront jamais tant que nous ne descendrons pas de scène, nous

lundi 25 février 2008

The hollow men


Ils vont, ils viennent, comme des pantins qui se souviennent –
Ils chantent puis ils tombent pesant à peine plus que leur ombre –
Leur ombre dont les rues sont pleines, dont les rues geignent, leur ombre lisse et lente le long des maisons aux façades atones. Revenants, allant et venant, repus du superflu, consacrés à l’absent, à l’errant, aux petits déguisements du temps, à l’appel des horizons qui creusent leur tombe.
Aube en pente douce, printemps déraciné, affolement des roues sur la route des rendez-vous manqués - inanité – un chemin tout tracé
Trois pas sur la terre vaine, à peine le poid d’une petite graine

lundi 18 février 2008

Panorama 33 - Bliss


Brisée. Tomber - hurler à deux centimètres du sol - cogner un ventre aveugle et sourd - en trombe où la terre gronde - rompre le pas des égarés puis gratter, gratter jusqu’à la craie pour y enterrer le verre éparpillé – l’oubli - la main glacée - l’horizon ascéré – le front rendu au soleil de midi, pleurer - puis espérer, espérer que la pluie recouvre le dessin cruel et précis de la maison miroir – voyages en cours, voyages en cours, je n’ai jamais pris que le chemin de l’Eternel Retour

Prise dans le pli de tes bras – silence à l’ombre creuse d’un voyageur n’étant plus que la somme de ses pas - serrée dans les draps – « réveille toi mon amour » - mais c’est le vent de l’île lointaine et invincible qui secoue mes poings, mes reins, la journée de demain, la fatigue des nuits sans jours, l’euphorie des détours, le mât hissé au centre d’une terre où …, et l’oubli de son nom. Pendant que je compte encore et encore, le déclin de torrents assoiffés sur mes sens en transit, pendant que je sais que les doigts du marchand de sable ne peuvent rien contre leurs sabres, pendant que doucement je ne crois plus qu’aux faits, tu te fie à mon silence, ma nudité donnant à un corps cave l’illusion du vrai – un corps épuisé. Parfois pour accomplir le geste il faut rendre les armes – les armes de verres revenues à la terre - leur bris recouvert par ta voix longue, lente ruisselante dans le pli de mes draps, tendue jusqu’à moi – mais je ne dormais pas – mais je ne rêvais pas

Grise. Je me grise et me brise à la tendresse de mes soupirs, à la justesse de ces désirs – éphèmère, vorace et féroce, partie à la chasse au déli des patiences infinies, à l’éternité des dimanches au cimetière - éphémère hors frontière - je jouis - je crie encore – plus fort - aggripée à la gorge de ces nuits contre lesquelles je ne dormirais pas - ces nuits où j’ai désobéi

Prier. Le sel sur un ciel affolé – s’accrocher à ce qui va, ce qui est, ce qui sera toujours oublié – et puis enfin, parler - consentir à laisser là où elles seront vues les extases muettes puis répéter, te répéter que la magie de tes gestes ne peut rien contre moi – aucune histoire ne dira d’où je suis partie ce jour là – aucune histoire ne retracera le chemin de la maison miroir où je hurle en chantant, où j’ai froid souvent et d’où tu me regardes en dormant. Derrière le grand H d’une histoire avortée ne reste que l’horizon crypté de la Heimat dont j’ai le souvenir mais que je n’arrive plus à dire – en attendant je lève la main à la rencontre du vent venu de cette île invincible et lointaine, j’ouvre la paume pour défier le ciel et de la voix de celle qui n’était pas là je salue le cadavre du matin où je suis rentrée chez moi

samedi 9 février 2008

Île


Au sol, mes poings, mon pouls et mes peurs – folle, folle, folle quand entrent dans la chambre les premières lueurs - ce jour chargé de soleil, de la chaleur rampante de l’hiver – ce jour pesant de tout son temps sur la marche d’aveugles qui croient –
Illumination

Puis, le reflet de ce même jour sur la douceur de ton sommeil -blanc, blanc, blanc le sable et le sel de nos gestes soufflés aux contrastes du ciel – l’ombre de ta main accrochée à mes tempes - les méandres de la nuit échoués sur mes petites insomnies, mes manies que la magie dessine - mon ventre en ton poing, ton sang en mon sein – et un tour de rein pour anéantir mes horizons lointains -
Illusion

Jour qui éclaire l'onde ascérée, la certitude réveillée des solitudes passées - un monde en mètres carrés tout autour de mon œil - mon désir circonscrit aliéné à ta nuque endormie – scrutant le périmètre de l’impossible escale, j’entends le murmure de mes voyages en cours - bientôt deux ailes lointaines se replient doucement au centre de mon lit – pendant que derrière les fenêtres de la nuit assouvie, ce jour n’en fini pas de se lever –
Il

mardi 5 février 2008

Unisson








quand ne reste que la sensation du large

"Und die Welt hebt an zu singen, triffst du nur das Zauberwort"

Joseph von Einchendorff