dimanche 28 octobre 2007

Panorama 25 - Soliloque

Le 26 octobre, à l’heure atone et tranquille des digestifs qui apaisent l’armada de cafés de la matinée écoulée, Libération posait un temps fort entre deux articles de poid, de fond (mimant l’« idéologie » d’une édifiante fiction) en annonçant : Apprenez le Grec et le Latin au lieu d’étudier le Marketing, vous pourrez ainsi peser sur le monde de manière inattendue. De manière inattendue… de manière inattendue… le son des couverts qui brillent, des torchons humides, des machines qui s’endorment à l’envers des vitrines aurait pu répondre comme suit : Les prophéties de notre époque seront anecdotiques ou ne seront pas.

Journée passive passée à penser à la lumière de tout ce que j’ignore, ne vois pas, ne sais pas, n’entends pas et connais pourtant sur le bout des doigts - ce rythme que j’épouse à chaque pas et que je perçois alors pour la première fois...et voilà que cet antagonisme de fond de bar me fait revivre…

..l’envie d’ajouter au brouhaha tranquille, diaphane, lancinant sur le galop du cadran figé par chaque client qui lève la main sous le ventilateur au souffle lent…à chaque commande passée me vient l’envie d’ajouter que l’éloignement du monde n’est que mission à son égard, l’oubli de ses lois est le fruit de leur connaissance profonde, pour être dépassés les carcans de la norme doivent être éprouvés, qu’aujourd’hui le monde sait, qu’il doit agir, qu’il doit bouger, qu’il a trop engrangé, amassé, rempli des caisses de blé désormais bon à brûler avec les clichés du pragmatisme et de la prospérité. Une table époussetée, le chauffage augmenté d’un ou deux degrés, il est des constats qui vous installent au fond du sofa.

…il y a tellement de vies par là, de vies pour rien, de vies qu’on ne jugent tout simplement pas parce qu’elles ne nous retiennent pas, d’autres qui comme moi suivent le flux, suivent la masse dont ils préservent pourtant chacun de leur pas, chacun de leur choix, d’autres qui comme moi roulent et usent la rue que l’on rêve renversée, déracinée, arrachée au rêve que l'on fait le regard immobile sur l’envers des vitrines, le regard dans les paumes retournées, bien décidé à payer de son silence l’impardonnable innocence des passants qui passent pendant qu’on pense…

Latin grec savoir ancien image marketée d’ésotérisme liophilisé 30 millions de consommateurs à l’éthique breveté le feu des pensées dans une souche attendrie par la pluie tâter la pâte molle la pâte fraîche à tâton à l’ombre des forêts de la reine Kawase tâter les prémisses d’une existence perdant totalement l’esprit qui la pense…

L’éternel Retour

Berlin – géographie précise de mes utopies – pour ta folie appelée Gomorrhe, je te baptise Rome contre ton oubli… Je ne t’ai jamais pensée, jamais réfléchie, je n’ai jamais fait que te sentir à nu sur ton pavé brisé par les racines des arbres qui m’abritaient et au cœur desquels, peut-être, subsiste encore l’espoir de nos mémoires vierges (?)

Pour l’heure, j’espère juste que je ne regretterai pas mes choix pris dans le cadre de cette liberté défendue, attendue qui aujourd’hui se contente de me regarder vieillir.

samedi 20 octobre 2007

Cirque

Je rentre, à la lumière naturelle du beau milieu de la nuit, je ferme les rideaux, je m’approche du lit, le reste d’un rêve, je ris, le rêve de cette nuit : dortoirs, pièces à tuyaux qui rouillent, râles matinaux, carrelage en flaque – Seine Angst weg duschen – écho qui cogne dans les murs, juste sous moi, sous mes pas, sous l’eau, le souvenir d’un tempo…un tempo qui n’en finit jamais de frapper, à la porte, chaque fois quand, je rentre, à la torpeur artificielle du beau voyage fini, je m’approche du lit, je garde ma robe, je rêve, je ris, je rêve, une goutte qui n’en finit pas de tomber sur la petite musique de nuit, et m’indique que le jeu n’est pas fini

jeudi 11 octobre 2007

Wie ein Traum



Ce matin, je me suis réveillée en passant la main sur la patine devenue fine de Berlin, de ses aubes cristalisées sur le papier de ma peau, le papier de ma peau, le papier passé par le flux et le reflux de quelques journées (à peine) écoulées …la main sur la peau où le temps petit à petit écrit - wie ein Traum, wie ein Traum, wie ein Traum - à toute heure du jour et de la nuit

mercredi 3 octobre 2007

Panorama 22 - Les liens

Avoir tant, tout, peut-être trop, vécu là-bas, deux, trois, dix fois, avoir contemplé l’infini des chemins parcourus et desquels nos insomnies ont tissé les liens…puis se rendre compte ici, bien naïvement – dans l’étroitesse de l'instant - que l’on a juste était absent, un tout petit moment …

Als das Kind Kind war, ging es mit hängenden Armen,
Wollte, des Bach sei ein Fluss, der Fluss sein ein Strom
Und diese Pfütze das Meer.
Als das Kind Kind war, wusste es nicht , dass es Kind war,
Alles war ihm beseelt,
Und alle Seelen waren eins
Peter Handke,