lundi 6 octobre 2008

la frontière de l'aube


Tourner une page comme on contemple son reflet dans le miroir - voilà comment nous devrions dire au revoir – déposer sur le teint pâle, disparu déjà, le timbre de la voix – nous - je parlerai pour - nous qui voulions tout voir - nous qui aujourd’hui tentons d’explorer l’endroit dont hier ils ne revinrent pas - et encore nous nous nous qui cherchions à tout savoir pour oublier qu’un jour il nous faudrait accomplir notre devoir – aveugles dos au miroir – l’illusion vient de l’autre côté de la maison – peut-être devrions nous écouter nos visions – l’œil morne – la joue froide – mais le cœur conscient de ce qui le perce – le cœur conscient de ceux qui le perdent
Spectre spectre spectre
desserer les dents et puis jamais, ne plus jamais sourire aux bonheurs qui ruissèlent sur les rondeurs radieuses de ces désirs qui nous verrons pourrir
oui – jurer – danser – vomir et plutôt se ronger les sangs que se coucher dans le lit de maman
Croire croire croirenon plus aller de l’avant mais changer de trottoir - du côté de la maison miroir – de la raison des morts – du fondu au noir – et Anne, ma sœur Anne qui n’a rien vu venir - sans poussière sans émois sans âme et sans corps mais ce soir il y eût la voix – la parole que l’on garde pour soi dans ces silences puissants qui éteignent les pupilles baladent nos jambes, nos bras, font de nous les pantins ahuris auxquels quelques uns encore serrent volontiers la main, et qui nous laissent là dans la sécheresse du temps qui passe à l’envers de tout – la voix que l’on ne comprend pas que l’on garde en soi dans l’attente calme et mesurée d’un plus tard d’un après qui ne se résumera pas en bénédicités - ces choses là n’arrivent pas - elles sont là – préservées par ceux qui les ont oubliées – tapient dans les insomnies de celui qui ne sait pourquoi mais comment il a peur – la voix qui ne se dit pas qui se lit – quand il est des miroirs qui ne brillent que la nuit - Apparition – je ne cesse pourtant pas de chanter ta chanson.
(pensée pour Philippe Garrel et les somnambules révolutionnaires)