samedi 25 août 2007

mercredi 22 août 2007

Panorama 17 - Monumental

…à peine quelques heures plus tard, je relevais la tête, mais seulement la tête, comme si je m’étais simplement étourdie de l’immobilité de mon corps – stoïque et fragile à la fois, imperturbable mais vulnérable – tendu entre le souffle de la lune et les rainures du plancher. Je rêvais. Sous le noir des draps qui recouvre la clarté de ces rêves interrompus trop vite, à peine quelques heures après avoir cherché l’obscurité – et ainsi depuis toujours, depuis la petite éternité, l’utopie dont je suis l’unique touriste – je me réveille, repoussant loin devant moi l’impression de n’avoir pas une minute dormi. Je me réveille. Sous le ciel lourd de midi, il fait encore nuit.

J’ai rêvé des rues toutes plates qui portent le nom de montagnes, j’ai rêvé des panneaux que l’on cache dans l’ombre des places en chantier, j’ai rêvé de ces balises perdues depuis que personne ne les voit plus, j’ai rêvé d’anges amoureux d’une tour de ferraille, de fièvres, de feux, j’ai rêvé de trois flambeaux rouges dans le ventre des nuages, j’ai rêvé que je levais mon verre à la prophétie des égarés, des sans bagages, des sans visages, des sans soucis. Authentique et rêvé. Maintenant, me voilà à la table d’un orage sans pluie. Absurde et incarné. Je veux juste ouvrir les yeux mais impossible car … le crie …. Je veux juste recueillir à nouveau le premier souffle de la journée mais impossible car … le crie … Je veux juste ne plus avoir à me réveiller. Impossible, je crie. Je crie derrière le bruit, devant, au-dedans de lui, je crie à m’en donner le tourni. Je crie à me rompre les poignets sur le bois des portes fermés. Je crie sur l’envers de la nuit. Tout le monde est réveillé. Tout le monde longe les routes que trace la surdité des journées solaires. Pas de lumière – moment creux, entre deux temps, entre deux songes, surface ronde et lunaire à la rencontre du ciel et de ma fenêtre grande ouverte, surface sourde et féconde à l’affût d’un bruit, à l’affût du passage de quelques petites gouttes ayant tout oublié du début de leur course. Immobile, neuve et rompue, je reste sans voix à la vue d’une autre journée qui étend sa fascinante évidence, immense, devant moi.

samedi 18 août 2007

Panorama 16 - A....pprivoiser

Comme on gravit des montagnes, courrir les horizons plats, pas en avant, tout le temps, perspectives, dégringolades et vitrines à contre courant - à l’approche. Obsession qui déroule les kilomètres et s’enroule dans les draps. Ne plus compter les jours, vivre dans le bruit des assiettes retournées, du silence par-dessus les forêts et dans l’ombre précise de la cour carrée. Seule dans le rêve d’un géant, à deux pas d’une usine que le vent vide – un géant que l’on nomme Ziel, qui vous regarde au-dedans de l’âme et vous tient dans l’Illusion qui vous étreind.
Künstlich à regarder vivre les artistes alors qu’on ne cherche qu’à voir passer les gens, éternellement. Tous, le regard suspendu aux rayons bleus d’un écran - perdue - fin de journée lorgnant le dernier étage d’un café aux vitrines qui débordent (encore) des Allee – des Allee où l’ombre d’A.... s’est arrêtée.

L’air du temps a la saveur exquise et piègeuse du printemps soulevant la cime des arbres, les antennes des tramways et ces néons de feux aux couleurs qui vous tendent les bras, vous auréolent et finissent par vous brûler les yeux…

A.... est là, face à moi. Son regard – absence berçant les interrogations – et tout autour le brouhaha. Fragile – volubile - bleu de ses yeux sur son geste qui tremble - ombre de nos mains posées sur le bois de cette table où s’allonge encore le crépuscule de l’été - le même – interminable - béni par l’éternité à laquelle on croit et à laquelle on offre le dessein de nos journées. Il faut avoir fait du chemin pour savoir d’où l’on vient, et toujours, prendre des détours lorsqu’on a décidé d’en parler. Lumière dense - apprendre à nommer – les yeux bandés - mais surtout soutenir le regard d’A.... qui se contentera de poser des questions sur toi – oui toi - dans le caprice de sa langue qui se fait entendre derrière elle, devant moi - sa langue qui va rompre son écho à l’endroit où le soleil plante sa lance, faisant des horizons de cette ville un point fixe… ein Ziel - repos des illusions.

La nuit tombée, me vient soudain l’envie incongrue, d’aller de l’autre côté de ma rue.

vendredi 10 août 2007

Panorama 15 - Rester ici

Prévoir,
mesurer,
anticiper.
(dé) comptes
pour rien
personne
nulle part

en construction

Pleine lumière, sur les terrains vagues, entre les boulevards et l’ombre vaporeuse en dedans des trottoirs.
Un homme fige sa marche aux portes d’une usine dont les murs flottent de part et d’autre de leur histoire. Jetzt, chacun crée comme il marche, comme il raconte justement sa propre histoire. Des hommes au regard de pierres, qui lèvent de grands verres où cogne la lumière, des hommes qui vous tendent la main comme on caresse la poussière. Le temps cesse à heure fixe pour nous faire entendre le récit qu’eux… le récit qu’il… le récit que l’on promène au fond du sac qui leste nos pas, nos Allee mécaniques, nos coups de pédale arythmétiques vers la voie d’un impossible retour, le récit sur lequel se dressent nos envies … recht, links, links rechts … il y en a qui mieux que moi ont appris à compter, à prévoir, mesurer, anticiper ; à compter pour se défaire des chiffres ; à compter non pour entasser mais pour étendre la terre, la terre gorgée de ce plein été en fonte sur nos nuit... la terre à mesure des désirs de celui venu s’y perdre. Un été en roue libre sur le crépuscule des principes, des lois, des idées qui nous somment de nous arrêter là. Le premier été.
L’homme, la face pleine d’ombre et de sueur, la face pleine de doute et d’ardeur, plonge à nouveau son regard dans les dernières larmes d’un feu qui s’éteint. Un souffle, je vole son image et repars. Factice et authentique : je ne fais que provoquer le hasard, décidée à faire confiance à cette chimie qui remet en cause ce temps, le temps à perdre, à consacrer, à meubler contre le moment d’une petite halte. Un détour qui n’en a pas fini de nous posséder. Je marche comme on tâte le hasard d’une simple rencontre, à l’aveugle, à l’abri du temps qui se détourne, se retourne, se replie puis reprend… jusqu’à ce que la nuit vienne, jusqu’à ce que ma course se dérobe au regard d’un autre homme qui m’attend, là, nulle part.

samedi 4 août 2007

Panorama 14 - Premiers instants


Le temps c’est la lumière qui tourne sur les bancs d’un grand parc dont tout le monde a pris congé et qui à l’horizon du dôme de la rue O… s’éteint, doucement. L’été se compte, l’été se tâte en souvenirs dont on a fait table rase (les doigts repassant les engelures du bois). Des souvenirs en suspend sur les reflets naissants de boulevards béants. La folie d’une ville où l’imagination s’est épuisée. La folie d’une ville qui déborde encore des rêves qu’on lui a cédé. La furie d’une ville dont les frontières suivent le galop de celui qui erre. Le temps, c’est cette histoire qu’il me raconte (l’homme fenêtre dans le cadre de ses trop grandes lunettes), le bel héritage qu’il est venu chercher le long des lignes courbes de pages que je n’écrirais peut-être jamais, le mythe de celui qui toutes les nuits ouvrait à la course du dernier cavalier le pont levis de ce chateau que nos itinéraires ont oubliés. En son fort, le carrosse ne se métamorpose plus désormais, mais disparaît. Dans un petit coin de verre – verre poli sur la sagesse des arbres qui s’y regardent - le regard du conteur, unique et vertical, rendu à cette lumière qui berce son silence royal, partout, tout autour. Je n’ai pas peur. Le temps, c’est aussi savoir se taire au bon moment.
Nous voilà donc disponibles ! rendus à ces actes dont la nécessité passe, passe avec le vent. A mains nues. Mais nous voilà également ouverts à la vision imparable de cette silhouette, ombre qui se creuse au fond du jardin, immobile, soliloque étouffé de l’homme figé par la voix de son époque, d'une époque qui hurle et lutte contre le souffle des monuments absents. S’en est fini des gestes guidés par la précision d’une pensée qui ne fait que se fuir, remuant ciel et terre. Nous détournons les yeux, imposant alors un silence fait de chair et de sang. Eteindre les cadres d’or et de vide où l’Aufklärerich fait vivre sa famille. Je l’écoute me raconter qu’une fois sa course achevée, le cavalier venait se reposer au pied d’un arbre déraciné. J’écoute l’histoire transmise, l’histoire nourrie du silence de celui qui y croit – celui qui se tait – celui qui s’y voit. Et la nuit imminente qui semble lutter contre le feu des ces journées montées trop vite, les jours sages et impatients auxquels participe le mythe. Jetzt, Berlin, premiers instants

vendredi 3 août 2007

Panorama 13 - à pas d'heure

Pour l'heure je ne garde que l'écart d'une horloge qui retarde. L'heure attendue. L'instant éperdu. L’heure qui n’est plus qu’un retard, retard sur la nuit retord qui me regarde, m'attend. Je tarde, (reprends) hésite, me ravise, me butte et fige. (maintenant). Je reprends : le tant attendu qui tarde et me nargue. Ecart. J'attend