vendredi 28 septembre 2007

Dans ma peau



Je crois que c'est l’attente qui guérit du passage du temps : Être cet espion curieux et conscient de la condition de l'homme qu'il est et avec lequel, il a décidé de jouer...
Je ne crois plus qu’au geste, je ne crois plus qu’au silence voyageur et invincible qui tombe sur les pierres éphèmères de nos exigences et de nos croyances comme une ironie légère. Sur le départ, le cœur en paix et en miettes je retiens dans l’ombre de ma main - tremblante d’avoir trop vécu - les dés qui me servent désormais à compter … compter les pas qui me séparent maintenant d’un monde n’ayant fait pendant tout ce temps, peut-être, que me rêver… Je serre les dents, fléchis la tête vers le halo acqueux que la lumière répand, oublie que dehors il pleut. J’entends tous mes espoirs dans le grésillement de la petite aiguille, tous mes espoirs bruyants débordants piqués à vif par le silence tactile de l’encre qui les guide :

Impatiente - Wie eine Kind -
Leichtfertig
Inconsciente - Wie eine Kind -
Leichtherzig
Mutique - Wie eine Kind -
Müde
Musique – Wie ein Traüm

(Lentement - la main sur le papier blanc)

..Réveillée par le départ de l’amant, par l’envers atone des draps qu’a froissé le jour prématuré. Réveillée par la petite musique du temps, ce moment où l’aube attend et fait tomber comme les pierres les rêves d’enfants avant d’inscrire éternellement tous ces mots dans ma peau

jeudi 27 septembre 2007

mardi 25 septembre 2007

vendredi 21 septembre 2007

Panorama 21 - Utopia

Silence
– silence et froid, et puis un trou aussi, par ci par -


Le regard qui se perd sur des contours qui n’existent pas.
C’est en voyant les aires vides, en retenant l’histoire dans les coups de vent, dans les interrogations ou peut-être juste dans les sensations, que l’on comprend la souffrance d’une ville - cette ville où pullulent les friches des grands évènements. L’histoire est ici une âme errante dont l’ombre se repose tant aux portes d’un musée qu’à l’entrée d’un McDo…

- ils étaient , on le sent, on le sent à s’y brûler les doigts -

…et c’est parce qu’il n’en reste plus de trace

– L’odeur de l’absence -

… que l’on comprend la patience de cette ville. Aujourd’hui Berlin est une Babel sans tours, sans murs, sans autre chose que la lumière alanguie sur la fenêtre où se reflète l’infini des boulevards – les Modern Things qui défilent jusqu’au bout de la nuit – les édifices qui veillent les parcours des trains de nuit, sommeillent sur la poussière des archives qu’on déterre. Le silence d’une ville à l’heure où la nuit défile…défile et n’en finit jamais…contre les angles gargantuesques de trottoirs au bord des hangards où ne se cogne qu’un regard – espoir qui vous espionne : regarder fixement défiler le temps, le temps qui vernit les moments ouvrant des espaces réservés, des espaces à l’envers du temps, des évènements, des façades rénovés, de l’ennui et des miroirs brisés, des espaces où penser la beauté.

Des moments où l’on comprend simplement que Berlin n’est qu’Utopie.

- Utopia, je prends un détour, Europa j’ai tâté tes contours qui me mènent droit au Panorama où…

…chasser la mélancolie du jour là où la nuit tenace s’amuse à polir le temps, à jouer hors les mûrs la monotonie des horloges sur laquelle on plit et déplit son lit. L’instant ne connaît pas de jour, ne connaît pas de temps. Il est un rythme, tout simplement, un rythme à nu, têtu, uniquement vêtu du souffle suant de tous ceux qui tentent de le suivre en dansant…le suivre en fuyant l’idée du retard sur la nuit comme un don qui nous sera repris. Alors on ne cesse pas, on prie, on prie sans foi, sans voix, avec rien d’autre que la certitude viscérale que quelqu’un d’autre danse sur le toit (que l’on ne voit pas de là) - on prie, on prie la chaleur intérieur du béton prêt à céder sous nos membres exsangues alors que le jour s’y heurte de toute ses forces, on prie à l’heure où d’autres son protégés par le sommeil, on prie les visages soumis aux exigences de corps qui ne pensent plus, qui dansent et dissuadent le soleil précoce de faire sonner ses horloges. On prie et on espère que brille encore un peu leurs paupières de verre, leurs regards accrochés à la chaleur d’un néon où grille ce qu’il leur reste d’énergie. Il y en a un, soudain, qui ouvre une mangue fraîche où viennent se ruer les traces de lipstick pendant que l’Aube, enfin, nous offrent ses déesses frénétiques, leurs gestes arachnéïques venus atiser le regard de ceux qui ont tout donné. Aveugles à l’heure où malgré la clarté du dernier dimanche d’été, persiste un coin d’ombre à l’envers du soleil, de sa ronde et du jeu de la volonté, un envers de cette vie qui en a marre de son cycle, un envers fait d’envie et d’excès - amnésique et anonyme Temple qui déborde de son ombre, un centre du monde que l’on nomme utopie et qui se tient là, devant moi – panorama à deux pas de l'absence de cette époque là

Chaque soir, Berlin reprend son rythme au milieu de nulle part, comme on perd la mémoire, accrochée à la jeunesse de celui qui a oublié son histoire. Chaque soir, Berlin scande son mythe à l’angle de tous les trottoirs où je me suis arrêtée pour écouter…

…l’eau brûlante sur l’émaille ébréché, l’enseigne du magasin vide qui grésille sur le seuil de la nuit, l’odeur assourdissante des usines abandonnées, le silence sacré des rues bondées, les journaux de la veilles chiffonnés par le vent, le froid qui s’agrippent au devant des vitrines, la course des travailleurs du lundi sur les heures de sommeil manqués…et dans le bruit de la vie, le bruit de ma ville résonne encore cette musique qui s’accapare toutes mes nuits :

Utopie

samedi 15 septembre 2007

Panorama 20 - Europa


Jetzt – Zwei Tage später – fühle ich nur tiefe Sehnsucht – je me suis arrêtée là, au bord de la route - Suche ich nur dieselbe Stimmung - je hume - dieselbe Architektur - la lumière crue qui saigne à vif tous les objectifs - dieselbe Figur - je cherche une vitrine, une enseigne - dieselbe Frau – la même. Poussée par un besoin qui ne se nomme pas et vous plombe les bras, je m’assoie et regarde les derniers jours d’un voyage passer devant moi. Die neue Zauberkeit heisst Gewalt, (Ver)Zweiflung Winter und Ausstrahlung. Je compte et m’assoie - Es fehlt mir etwas – aber was ?

Europa – j’ai laissé mon sommeil là-bas

Je conte et m’assoie…

…aveuglée par la volonté de pouvoir regarder de tous les côtés aux quatre pôles que mes caprices ont fixés. Le vent de l’est qui bat et vous parle, vous appelle et vous hâpe – (Vor) Schlag – J’ai quitté mon lit en pleine nuit, retracé mille fois les itinéraires qui de jour ne trompent pas, j’ai rêvé dans des trains qui surplombent les montagnes glacées, dormi dans des wagons doré à la lumière de la nuit, aux côtés des femmes qui ont salué mon silence en mettant un peu d’ombre sur leurs lèvres, j’ai vu des nefs, des gares, des fôrets, des faces minés cacher le soleil des longues promenades de fin de journée – j’ai voyagé, seule, vétue de la naïveté de celui qui ne veut jamais s’arrêter … face au vent glacé, le vent de l’est qui bat et vous parle … (Vor) schlag.

J’ai dépassé le périmètre de la cours carré, la cours où j’ai courru, cherché, oublié l’amant parti sans me réveiller.

Europa – la fin du voyage dans mes draps

weiss und breit…

dimanche 2 septembre 2007

Panorama 18 - (Sehnsucht)

Débarasser la table, refermer son livre sur la page marquée que l’on a pas terminée, … prendre son étui à lunettes, passer la porte et ranger ses clefs dans la poche trouée, dévaler les escaliers, la fenêtre d’entre les deux étages, celle sur le rebord de laquelle est posé le petit arbre dont les feuilles touchent le ciel, comprendre qu’on est encore haut, qu’on est encore loin, accélérer la cadence, ouvrir la boîte aux lettres avec la clef qu’on ne confond plus, tasser le courrier de la veille puis sortir, à l’ombre de ce silence qui nous fait oublier la course qu’on vient d’achever, qui nous fait oublier l’heure qu’il est, redresser le col du manteau, retrouver son vélo, s’atteler, et puis foncer sous les arbres à l’abri desquels on avait oublié qu’il fait encore nuit

Tâter un peu de l’hiver du dernier jour d’août, tracer un cercle sur le pavé et puis retourner, l’appartement, la chambre, vers la fenêtre encore grande ouverte…

...pendant que la nuit continue de danser sans compter, à battre dans le bide de ceux qui sont en face, le regard alentour, les pensées dans mes détours, en désordre et encerclés par un nulle part que l'on nomme Panorama