dimanche 22 juillet 2007

panorama 12 - Vanishing Point

... j’ai bel et bien rêvé l’allée qui traverse le jardin jusqu’à l’entrée de la maison. Les assiettes en carton et les serviettes chiffonnées que le vent a éparpillé sur la pelouse, la porte grande ouverte à l’ombre du cerisier et le chandelier sur la table désservie du salon. Pleine lumière qui cerne la découpe de quatre cadres fixés au mur, au fond. Aquarelle et gestes cernés, la perspective unique de souvenirs anamorphosés, le dessin flasque et mobile pour seul point d’horizon. Et puis il y a cette porte qui s’entrouvre et se ferme, et dans sa grande respiration, tire toute la lumière de la maison sur l’ombre de la fille qui dort. Je vais, je viens. C’est bête, je me souviens.
Que chacun tire les enseignements des regards que nous ont adressés les sans voix, les sans noms, les ancêtres rêvés.

Elle, avec elle on bataissait des phrases comme on construit les maisons - du verre, crépusculaire, derrière lequel des gens viennent, vont. Il suffisait que j’ouvre le livre pour que les mots lui reviennent. Des notices, des petits papiers impossibles à replier et des dictionnaires en langue étrangère. Elle laisse les considérations branlantes et discordantes derrière les portes qu’elle referme derrière vous, elle lève le verre des horloges et avance, pas à pas, parlant, la voix haute et claire, de l’enfance de quatre portraits encore inanimés. Un peu plus loin, on finit sa nuit. Là, le ciel n’existe que par la fente des volets. La voix, la marche, les nécessités aveugles et la posésie lointaine des gens autour, partout, et toujours derrière le dos qui se tourne, derrière la nuque qui se tasse et s’éteind sur le grondement d’une voix retournant les tables de ceux qui ne la voient pas, qui ne veulent pas. Un peu plus loin, on défait son lit. Là, il paraît qu’un homme écrit… à côté de moi, quatre voix me demandent « quoi ? il écrit quoi ?». Pâle, je leur réponds « la place est vide ». Et Lui, dans sa course folle préfère les troncs secs et leur parole à poussière aux bras de son père. Son nom appartient au enfants qui ne reverront jamais la maison : Der Aufklärerisch. Je voudrais fermer les volets. Un peu plus loin, on s’est réveillé.
Elle, sourit de l’audace de ses enfants qui n’ont pas de mal à compter les piétinements de cet homme-là. Alors Elle sourit de cette proximitée que la nappe froissée à la place du chandelier, entre nous, rend encore plus ténue. On tourne, on ose pas, on écoute, on s’asseoit, on maintient la distance qui nous précipite dans ses bras. Puis (peut-être), on s’aperçoit qu’entre le verre, l’ombre des fées, de bambinss acrobates, des pantins du passés, qu’entre le miroir et son sourire blanc à brûler les pages ressassées, seul notre regard perciste. Il affûte, chevauche les mots et la grande marche des idées, puis une fois seul, dessine d’un même trait le contour des pierres qui guident la marche des égarés (l’architecte s’est enivré de leur musique - langues du monde entier ayant maudit le même sang courrant dans une tour de flamme et de fer - silencieux, sur le ciel de ses idées). Tout ne bouge que du dehors, que de derrière la verticale du verre et l’angle mort des coins de rue animées. Ici, on parle comme sur du bois peint, on pose la toile.

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