samedi 12 mai 2007

Mu(t)ique

Attendre que les ombres s’allongent sur nos paupières closes. Attendre d’être seul et silencieux, à la surface du feu. Ignorant, seul, innocent. Puis commencer à écrire seulement. La paume contre le blanc, les doigts pris dans les fibres du papier, l’encre dans la voix. Mutique…
…Musique. Trois pas en avant sur leurs silhouettes déguingandées par la fin du jour. Certains jouent à se battre contre l’attente des autres, contre des visages que la lumière dévore sans affres, sans traces, et sans détour - et l’impatience qui se charge du reste. Rêver que notre marche nous mène par-dessus bord. Et grisé par les regards anecdotiques, les retrouvailles d’un soir sur les adieux de la semaine passée, sur l’insignifiance radieuse des lieux, continuer d’avancer. Nous voilà tous sur ce bateau qui fixe sa ligne molle à la surface des flots – immobilefull-moon - contre les néons blêmes et le reflet des trottoirs de la ville abandonnée par l’observation des oublieux d’un soir, prêts à danser alors que déjà l’orage soulève les vagues.
L’attente, enfin - qui a défaut d’avoir un but a au moins une fin - découvre les visages, lisses, fermés et pourtant curieux de ceux qui passent et viennent, les mêmes, muets. Et puis il y a ce couple qui rôde, arrivés les derniers et n’ayant même pas défait leur veste qu’à grands coups de flash déjà il rabottent le plancher de ceux qui se cachent pour danser. Je suis les suiveurs qui vous épient dans les fumées, dans la paresse, dans la sueur qui supplie le verre des fenêtres, dans le silence des horizons et de la parole blanchie par les pensées trop amples. Danser pour prendre le temps de ne pas penser, effacer la trace de tous ceux qui nous ont devancés, précédés, doublés et puis parfois aussi s’amuser à compter, à compter avec le silence des petits bâtons tracés sur le papier…
…Un deux trois jours plus tôt, déchirer l’enveloppe en trois morceaux, le temps d’attendre que la musique sonne, le temps d’attendre et de comprendre que je suis ici l’immobile que j’étais là-bas face au retour de ta voix.

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