dimanche 6 mai 2007

Le désir des immobiles -



Nous avions attendu. Une femme est passé, a posé son vélo pour se délivrer d’un sourire offert à tous ceux qui voulaient bien la regarder pour sourire en retour, à l’annonce de son mariage prochain. Sur les toile cirées, le vent d’un printemps déjà sec en avance sur l’été. Baisser le store, poser encore et dans un nombre toujours plus important même les verres, à pieds, teintés, retournés que l’heure et son climat exigent. Pause.
Nous attendions dans l’ombre charmante de nos habitudes, là où même le visage des passants nous est familier, là où l’on croit connaître ce qui reste innommé, là où les déjà-vus, déjà-dits réveillent justement notre curiosité. Nous attendions dans un monde complet, paisible, satisfait et que l’ignorance du reste rendait invincible. C’est alors qu’il s’est assis, lui. Il a posé sur notre table un chapeau sombre et rigide qui le faisait mentir sur sa véritable taille. Il s’est serré dans sa veste déjà petite, menu et presque invisible au manège à grimaces et à grands gestes des habitués ; le crâne nu, à ciel ouvert sur ses histoires de plaines, de goulags, de Kamtchatka et de neiges qui n’en finissent pas … L’étranger, tout petit, s’est arrêté pour nous raconter le périple des exilés, de ceux qui ne sont jamais mariés. Voyage ironique qui réjouit, qui enivre, qui hante et nous fait rêver les chaises retournées sur les tables de l’accoutumance.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

“Градусника рабочим не показывали, да это было и не нужно - выходить на работу приходилось в любые градусы. К тому же старожилы почти точно определяли мороз без градусника: если стоит морозный туман, значит, на улице сорок градусов ниже нуля; если воздух при дыхании выходит с шумом, но дышать еще не трудно - значит, сорок пять градусов; если дыхание шумно и заметна одышка - пятьдесят градусов. Свыше пятидесяти пяти градусов - плевок замерзает на лету. Плевки замерзали на лету уже две недели.”

“On ne montrait pas le thermomètre aux travailleurs ; ce n’était pas la peine – il fallait aller travailler qu’elle que fût la température. Et puis ceux dont le séjour se prolongeait n’avait pas besoin de thermomètre pour déterminer la température avec une précision presque sans faille : si l’on voit un brouillard givrant c’est quarante degrés en-dessous de zéro, si l’expiration est bruyante sans qu’il soit encore difficile de respirer c’est quarante cinq degrés, si la respiration est bruyante et qu’on s’essouffle – cinquante degrés. En-dessous de cinquante-cinq degrés – un crachat gèle en vol. Cela faisait deux semaines que les crachats gelaient en vol.”

V. Shalamov, Récits de la Kolyma

Je n’avais pas traduit de russe depuis longtemps. J’ai trouvé un bon texte pour reprendre sereinement.

Nicolas

Un peu plus à l'Est... a dit…

Voilà qui sied tellement bien à cette belle journée de maî...
Merci mon ami (fou à liêr...!)
Mk*